Fiche Exemplaire n°1373


Titre Dialoghi di m. Speron Speroni
Auteur Speroni, Sperone
Date d'impression 154615461546
Imprimeur
Lieu d'impression Venezia
Bibliothèque de conservation Fondation Barbier-Mueller pour l’étude de la poésie italienne de la Renaissance, Genève
Cote SPER 1
Appartenance Personne L'Aubespine Claude II de
Autre appartenance Claude de Sallo, conseiller au parlement de Paris, prieur commendataire de Moustiers-Chelles († 1669)
Date de possession
Notice d'autorité

Objet(s) Lié(s)
Marques d'exemplaires
Reliure

Notes
Exemplaire réglé. Veau brun, dos à cinq nerfs, orné de fers dorés, inscription en queue ; les plats encadrés d’un filet doré, ornés d’un grand décor d’entrelacs de listels droits et courbes mosaïqués bleu-gris, accompagné de différents fleurons ; titre dans un cartouche central, filets sur les coupes, tranches gaufrées et dorées (reliure française de l’époque). Etui en maroquin fauve. La reliure est intéressante à deux titres, pour l’histoire de la bibliophilie et des liens entre les lettres françaises et les lettres italiennes. Il s’agit en effet d’une belle reliure d’origine française mosaïquée du milieu du XVIe siècle, maquillée avant 1880 par l’adjonction d’une insrciption dorée au dos, « io. grol. et amic. », afin être attribuée au grand bibliophile Jean Grolier († 1565). Cette attribution a été légitimement rejetée (G. Austin, The Library of Jean Grolier, New York, 1971, p. 76). Mais la découverte, sur une garde d’une cote de bibliothèque, le chiffre 501 entre deux traits horizontaux, a permis d’identifier le véritable possesseur du volume, Claude de L’Aubespine (1544-1570) et de retracer son véritable pedigree, aussi prestigieux que la provenance Grolier inventée par le souci de lucre d’un libraire indélicat ; voir I. de Conihout, « A propos de la bibliothèque aux cotes brunes des Laubespine-Villeroy : les livres italiens chez les secrétaires du roi dans la seconde moitié du XVIe siècle », Italique, VII, p. 139-159 (avec reproduction de la reliure). A l’issue d’une enquête menée depuis 1993, Isabelle de Conihout et Pascal Ract-Madoux ont répertorié dans les grandes collections publiques et privées 90 volumes imprimés avant 1569, luxueusement reliés dans les meilleurs ateliers parisiens, portant tous sur la première garde volante une cote ancienne à l’encre brune, en fait un numéro d’inventaire, entre 5 et 1481, noté d’une écriture large entre deux traits. L’identification de la provenance a été permise par le manuscrit des Amours de Philippe Desportes, qui s’achève sur un sonnet daté de 1570 dans lequel le poète déplore la disparition de son ami et protecteur, le secrétaire d’Etat Claude III de L’Aubespine, mort à l’âge de 25 ans ; ce manuscrit, portant également une cote brune, est relié au chiffre de la sœur du défunt, elle-même épouse du ministre Nicolas de Neufville, Madeleine de L’Aubespine, à qui le poète l’avait dédié. L’examen d’autres volumes de la même collection portant les mêmes cotes, mais imprimés après la mort de Claude III de L’Aubespine, et la découvrte d’un inventaire rédigé au XVIIe siècle, ont confirmé que les livres étaient passés à Madeleine de L’Aubespine-Villeroy, et qu’ils avaient constitué le noyau de la bibliothèque des Villeroy, chantée par Ronsard, conservée au château de Conflans, et dispersée vers 1640. Quarante-trois des quelque quatre-vingt dix volumes aujourd’hui connus portant ces fameuses cotes brunes ont été imprimés en Italie, dont quinze en langue italienne. Par leurs auteurs et les sujets traités, ces ouvrages illustrent les formes de la culture italienne reçue en France dans les cercles lettrés les plus proches de la cour, depuis François Ier : l’architecture et les belles-lettres. D’un côté, les traités de Vitruve, dans la traduction de Daniele Barbaro, Vignole, Cataneo, Serlio, et la fameuse Hypnerotomachia Poliphilii de Francesco Colonna, qui joua un rôle si important à la Renaissance dans l’art des jardins (exemplaire conservé dans une collection particulière genevoise) ; de l’autre, la littérature, illustrée par quatre éditions de Pétrarque (1475, 1553, 1563), les Lettere et les Asolani de Bembo, les Rime de l’Arioste, et les Dialoghi de Speroni. Ces trois derniers volumes, trois impressions vénitiennes, ont été reliés vers 1550, avant de passer à Claude III de L’Aubespine, par un premier possesseur ou l’amateur qui les avait acquis, probablement l’oncle de Claude de L’Aubespine, Jean de Morvillier (1506-1577), ambassadeur à Venise, qui les fit relier à son retour en France, en septembre 1550. Au cours de son séjour, Jean de Morvillier, un diplomate lettré, s’était lié avec Paolo Manuzio et Lodovico Dolce, qui lui dédia une de ses tragédies (voir L. Dolce, Giocasta, Venise, Alde, 1549). Le volume des Dialoghi de Speroni a été acquis après 1640 par Claude de Sallo, conseiller au parlement de Paris, prieur commendataire de Moustiers-Chelles († 1669) : Monachum Cellensium ex dono D[omi]ni de Sallo Prioris ; voir Guigard, t. I, p. 194 ; vente vers 1815 : notice de catalogue anglais (BR V.488) ; Catalogue de la librairie Maggs, Londres, 1929, p. 46 ; ex-libris gravé Charles v. d. Elst (vente Paris, Drouot, 20 mai 1988, n° 135bis).


Notice créée le 19/07/2017 par Ventrella-Proust Giulia - Auteur de la fiche Fondation Barbier-Mueller pour l’étude de la poésie italienne de la Renaissance